Paroles d'experts
Une dermatologue et un psychologue donnent leur avis
Du dentifrice au citron, des huiles essentielles au vinaigre, internet regorge de trucs et astuces improbables pour soigner l’acné. Que faut-il en penser ? Existe-t-il un risque d’aggraver l’état de la peau ? Deux spécialistes s’expriment sur ce sujet.
Du dentifrice sur les boutons ? Du miel pour l’acné ? Du citron sur les cicatrices d’acné ? Les forums parlent aussi de traitements anti-acné à l’argile verte ou au vinaigre pour éliminer les boutons. Si les ados parlent beaucoup entre eux de ces solutions miracle contre l’acné, les experts qui acceptent de donner leur avis à ce sujet sont rares. Nous avons interrogé le Dr Sandra Ly, dermatologue à l’Hôpital Saint-André, CHU de Bordeaux (France) et Joël Pacoret, Psychologue à Paris (France). Voici leurs réponses sur ce sujet.
Je ne suis pas opposé à ce type de technique, pourvu que ce soit compatible avec un traitement classique
L’utilisation de ces remèdes de grand-mère ne repose sur aucune preuve scientifique, mais cela n’exclut pas leur éventuelle utilité….
Quand on me demande si ces astuces accélèrent la guérison, je réponds généralement que leur efficacité n’a jamais été testée. Je ne peux pas les conseiller alors que nous avons des traitements et même des produits cosmétiques qui ont fait l’objet d’un minimum de tests. Je précise aussi que si vous avez besoin de consulter un dermatologue c’est qu’ils ne sont pas très efficaces.
De plus, il faut être prudent. Par exemple, les écorces d’agrumes et certaines huiles essentielles sont potentiellement photosensibilisantes ou allergisantes. En résumé, je ne dis pas que ça ne marche pas. Seulement qu’il n’y a pas d’études sur ces remèdes et que je ne peux pas les conseiller.
Il n’existe pas de traitement miracle de l’acné.
Mais il y a des traitements efficaces et mon rôle est de conseiller les patients dans le choix thérapeutique le mieux adapté à leur cas. Nous avons des traitements de première, seconde ou troisième intention et il est important d’être suivi dans le temps pour adapter le traitement en fonction de l’évolution de l’acné.
Croire à l’efficacité de quelque chose peut aider, comme dans toutes les croyances….
C’est mieux de croire, parce que ça soutient. Le problème, ça n’est pas tant la croyance en tant que telle, parce qu’elle est un moyen de défense tout à fait banal et adapté. Le problème c’est que ça empêche d’avoir un « vrai » traitement, ou un traitement reconnu médicalement. C’est valable pour tous les problèmes dermatologiques et globalement pour tous les problèmes de santé. Ces approches peuvent être complémentaires. Mais s’il faut traiter par isotrétinoïne une peau très inflammatoire qui le nécessite, il faut le faire.
Selon moi, il n’y a pas à éradiquer les traitements miracles, les traitements auxquels on croit.
Certains patients pensent que certains produits vont être mieux pour eux. S’il n’y a pas de contre-indications dermatologiques, pourquoi pas ? Tant mieux si ça les aide. Pourvu que par ailleurs ils fassent ce que les médecins leur recommandent. Je ne suis pas dans l’opposition pour autant que ce soit compatible avec un traitement classique s’il est nécessaire.
