C’est sûr, on vous a certainement déjà recommandé d’éviter certains aliments comme la charcuterie ou le chocolat en cas d’acné. Sujet d’études passionnant, les liens entre alimentation et acné sont désormais bien établis par les études scientifiques récentes, pour l’acné de la puberté comme pour l’acné adulte. La bonne nouvelle c’est qu’une alimentation anti-acné est possible, avec des résultats visibles parfois en 4 à 8 semaines, une durée qui varie selon les personnes.

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    Pénélope Restoy, diététicienne nutritionniste spécialisée en micronutrition, Lyon (France).

    Il est admis par le comité scientifique que l’alimentation a un impact sur le développement de l’acné. Elle peut favoriser, déclencher ou aggraver un terrain acnéique. Ou au contraire l’améliorer.

    Pénélope Restoy, diététicienne nutritionniste spécialisée en micronutrition, Lyon (France).

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Loren Cordain, professeur à l’Université du Colorado aux Etats-Unis, a mené une étude sur les adolescents du monde épargnés par l’acné, en particulier les Papous et les Inuits. Il observe que les Inuits ont été touchés par l’acné au moment où ils ont adopté l’alimentation occidentale. Plusieurs médecins soulignent que l’alimentation moderne est souvent pro-inflammatoire et entretient donc un terrain propice à l’acné. Comme pour beaucoup d’autres pathologies, les aliments industriels transformés sont pointés du doigt pour leur teneur excessive en graisses, sucres et ingrédients nocifs.

Depuis plusieurs années, de nombreuses questions se posent : le lait est-il cause d’acné ? Quel lien entre chocolat et acné, gluten et acné, sucre et acné, fromage et acné ? Quels aliments peuvent traiter l’acné ?

Les réponses de notre experte, Pénélope Restoy.

 

L’alimentation à charge glycémique élevée est incriminée dans le déclenchement de l’acné

Les ingrédients sucrés ou à charge glycémique élevée ont la capacité à faire monter la glycémie dans le sang et d’entretenir l’inflammation. Il s’agit du sucre, des bonbons, sodas, produits à base de céréales raffinées, notamment la farine blanche. Le pain blanc a un indice glycémique équivalent au sucre. Lorsque l’on mange du pain blanc, c’est comme si l’on mangeait du sucre. Cette élévation de la glycémie entraîne une augmentation de la sécrétion d’insuline par le pancréas. Ce terrain hyper insulinique a des conséquences hormonales, car il peut favoriser une surproduction d’androgènes, responsables d’une trop grande sécrétion de sébum

La surconsommation de produits laitiers de vache et de viande favoriserait également l’inflammation de la peau.

Les produits laitiers et la viande sont des protéines qui contiennent un acide aminé, la leucine. Un excès de leucines pourrait favoriser l’inflammation de la peau. Il faut avoir une consommation raisonnée et raisonnable de viande et de produits laitiers. Si on aime le lait, les fromages, il ne faut pas hésiter à varier les sources et il pourrait être judicieux de privilégier les petits animaux, brebis ou chèvres, moins pro-inflammatoires. 

Il faut privilégier une alimentation variée, équilibrée, de type méditerranéen avec un bon équilibre acido-basique.

Beaucoup de légumes et de fruits (mais pas plus de 3 fruits par jour pour limiter le fructose). Tous les légumes contiennent beaucoup d’antioxydants, surtout les légumes colorés. Les végétaux participent à l’équilibre acido-basique, qui est fondamental pour la peau. L’alimentation moderne est devenue trop acide, avec trop de protéines et de céréales, pas assez de légumes et de fruits. L’équilibre idéal, c’est 70-80 % d’aliments basiques, le reste acide. Attention, la part acide avec les protéines est aussi importante, sinon on crée aussi un déséquilibre. 

5 CONSEILS POUR UNE ALIMENTATION BELLE PEAU 

Par Pénélope Restoy, diététicienne nutritionniste spécialisée en micronutrition, Lyon (France)

 

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1.     « Une alimentation à charge glycémique basse ou moyenne, avec des céréales complètes, systématiquement accompagnées de légumes et des légumineuses au moins 2 fois par semaine. Leurs fibres apportent des prébiotiques indispensables à l’intestin, organe essentiel pour la peau. Un intestin trop perméable laisse passer des toxines qui se verront in fine sur la peau.

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2.     Une alimentation anti-inflammatoire avec un bon rapport omega-6 / omega-3. Nous consommons trop d’omega-6 (plats transformés, junk food), il faut rééquilibrer avec des omega-3 (petits poissons gras comme sardines, maquereaux, harengs, produits labellisés

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3.     Augmenter les sources d’antioxydants qui luttent contre l’inflammation des tissus (fruits rouges, légumes colorés, thé vert, épices).

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4.     Veiller aux apports en zinc et en sélénium, car ils favorisent la cicatrisation.

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5.     Éviter les aliments pro-inflammatoires (produits transformés, junk food, produits riches en graisses saturées, en acides gras trans, cuits à haute température, friture).»

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    Pénélope Restoy.

    Le chocolat à plus de 70 % de cacao est un excellent antioxydant, mais à déconseiller en cas de poussée d’acné.

    Pénélope Restoy.

« Il faut attendre 4 à 8 semaines environ, selon les personnes.

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Tout dépend de la poussée inflammatoire. Il faut apprendre la patience. La peau, c’est le terminal. Si l’inflammation arrive dans la peau, cela signifie qu’en amont, tous les processus doivent être rééquilibrés. Il y a souvent des problématiques d’intestins poreux, de foie encombré, de stress…

C’est une approche globale. Pour certains, la nutrition peut suffire. Pour d’autres, il sera judicieux d’associer aux traitements conventionnels allopathiques prescrits par des médecins ou dermatologues, une complémentation micro-nutritionnelle. Sans oublier les traitements topiques pour hydrater, soutenir l’effet barrière et la cicatrisation de la peau en local. En agissant sur plusieurs voies, les résultats finissent toujours par arriver. »

« Le soutien de la fonction hépatique est bien entendu de mise dans ces affections dermatologiques.

Le foie est souvent un émonctoire malmené, encombré, fatigué et lorsque cette fonction est dépassée, certaines toxines qui auraient dû être prise en charge par le foie, arrivent jusqu’à la peau, créant des sources d’inflammation.

D’un point de vue purement nutritionnel, il est conseillé de temps en temps :

  • Des cures de jus de citron le matin à jeun avec de l’eau. Antioxydant, riche en vitamine C, il favorise l’équilibre acido-basique du corps.
  • D’agrémenter vos salades de fines tranches de radis noir macérées dans un peu de citron et d’huile olive, et colza.
  • De variez vos salades avec de la roquette, de l’ail, des aromates, des épices
  • Faites-vous des décoctions de chardon-marie, artichaut, thé vert ou matcha

QUELS CONSEILS POUR UNE APPROCHE GLOBALE DE L’ACNÉ ?

La prise en charge d’un patient acnéique relève d’un raisonnement global, avec une prise en charge « plurielle », c’est à dire à plusieurs niveaux.

Je recommande à mes patients de consulter les spécialistes qui s’imposent, dermatologue, diététicien formé en micro ou physionutrition pour rééquilibrer dans l’assiette, et si besoin par une supplémentation juste, personnalisée et adaptée, en cas de déficits évalués par ce professionnel. Il faut travailler sur l’axe peau-cerveau-intestin-foie.

Renforcer la barrière intestinale et le microbiote,sur lequel repose notre système immunitaire. Je conseille d’utiliser également une gamme de soins de la peau qui préserve la barrière cutanée tout en la respectant. Mais aussi de veiller à l’hygiène de vie : la qualité du sommeil, la gestion du stress, c’est fondamental aussi.